Ounénet
Ounénet porte un nom qui évoque la douceur et la fragilité. Cette jeune femme est une jolie danseuse égyptienne que Lasser rencontre à Marselha, dès le début d'Un privé sur le Nil. C'est elle qui emmènera notre détective jusqu'en Egypte...
Ounénet est une jeune femme superbe. C'est notre détective en personne qui le dit : "C’était une magnifique jeune femme brune aux grands yeux de biche fardés de khôl. Elle avait une allure délicieusement exotique." D'ailleurs, elle ne le laisse pas de marbre : "Elle s’est avancée pour m’aider et l’odeur de son parfum, un mélange d’encens et de cannelle, m’a enveloppé tandis que ses longs cheveux soyeux me balayaient la joue. Je me suis senti un peu émoustillé."
Pour créer le personnage, au moins dans ses aspects physiques, nous nous sommes un peu inspirés de Samia Gamal, célèbre danseuse égyptienne des années 30-40.
Son histoire
C'est elle-même qui raconte ses mésaventures à Lasser, lorsqu'il l'aide à se délivrer de l'emprise d'Arcadius, le baron de la pègre locale : "J’appartenais à une troupe de musiciens et de danseuses qui est venue à Marselha pour donner un récital, il y a six mois. J’y ai rencontré Arcadius. Il parlait un peu égyptien et ça m’a mise en confiance. Il m’a promis une grande carrière. Il était gentil, riche… Je me suis laissé séduire. Et je n’ai eu droit qu’à cette cabine dans le bateau où il venait me retrouver quand il pouvait. [...] Je n’avais pas le droit de sortir. Et puis, toute seule, qu’aurais-je fait ? Il m’aurait vite rattrapée."
Son caractère
Ounénet est une séductrice. Elle joue de ses charmes pour appâter Lasser et l'inciter à la délivrer. Et, bien sûr, il tombe dans le panneau : "Sans me vanter, j’étais plutôt beau gosse. Mais là, le plan drague fonctionnait bien mieux que prévu. [...] Elle a pris mon visage dans ses mains et m’a fixé droit dans les yeux, le regard plein de passion. Puis elle m’a embrassé fougueusement. Un peu plus tard, nous avons atterri sur le lit. La suite a été un moment inoubliable. Qui a duré toute la nuit."
C'est également une manipulatrice qui a volontiers recours à la comédie. Elle l'admet elle-même lorsqu'elle parle de sa séquestration par Arcadius : "J’ai préféré jouer le jeu de la maîtresse éperdue, attendant qu’une occasion se présente pour le quitter. Et j’en ai profité pour perfectionner ma connaissance de ta langue avec les femmes de ménage qui nettoyaient le bateau." Voilà pourquoi elle préfère laisser croire à Lasser qu'il l'a séduite et qu'elle a succombé, alors qu'en réalité elle se sert de lui.
Lorsqu'ils sont en planque dans l'arrière-pays, elle abreuve d'un tissu de mensonge les fermiers qui les accueillent, Lasser et elle. Il en est même admiratif : "Alors là, elle m’en bouchait un coin. Côté carabistouilles, elle se défendait !"
Et il finit par tomber amoureux, au point de penser que sa vie va changer totalement lorsqu'il quitte la Gaule : "Ounénet s’est précipitée pour me consoler. Et, serrés l’un contre l’autre, nous avons regardé la côte qui s’éloignait, éclairée par la faible lueur de l’aube. Blotti entre les bras de mon Égyptienne, je me suis dit qu’enfin la chance allait tourner. Je laissais derrière moi mon passé misérable. J’avais trouvé une jeune femme amoureuse et, dans un pays neuf, je pourrais repartir de zéro. J’étais persuadé qu’au soleil, tout allait s’arranger."
L'évolution du personnage
Au début, on pense qu'Ounénet est une victime du méchant truand Arcadius. Ensuite, on réalise que c'est une manipulatrice qui s'est servie de Lasser. Une fois en Egypte, il ne tardera pas à déchanter : "Deux mois après notre arrivée à Alexandrie, Ounénet me plaquait pour suivre un richissime colosse grec, révélant enfin son côté manipulateur : la belle Égyptienne n’avait jamais été séquestrée par le caïd gaulois ; elle s’était servie de moi pour le quitter en lui volant ses bijoux."
Après qu'Ounénet ait plaqué Lasser, il n'entend plus parler d'elle. Si bien qu'on ne la revoit plus dans Un privé sur le Nil ou dans Mariage à l'égyptienne. Qui sait s'il ne recroisera pas sa route ?